Le monde marche comme ça !

Publié le par Ange Baldomero

Quand l’animal se mit debout et fit de drôles de bruits avec sa bouche, en direction d’autres animaux comme lui, un nouvel inconscient pris jour, avec des représentations, des symboles, des mots pour parler des choses, même des choses qui n’étaient que des idées, la vie, la mort, le sens et des idées de ce qu’il y avait avant et de ce qu’il y aura après, et de :

« Qu’est-elle devenue ? Où est-elle aujourd’hui ? »

Etait né un autre monde, parallèle, qui n’existait que dans les esprits. Assis(e) là sur ses fesses, seul ou seule, on pouvait imaginer un autre ou une autre, là-bas, on pouvait imaginer tout ce que l’on désire et tout ce qui nous fait peur.

Désormais, on aurait deux vies bien distinctes, et souvent notre vie imaginée nous ferait supporter celle vécue.

Mais parfois, celle imaginée nous ferait changer celle vécue, parfois en mieux quand c’était une création qui allait améliorer la vie de tous ; souvent en pire, quand il ne s’agissait que d’améliorer la vie de celui qui avait eu l’idée, au détriment de tous les autres. Un autre monde était né et une nouvelle force avait pris le contrôle des humains, et un peu plus chaque jour.

Des phrases comme « Vous êtes engagé ! »

ou « Vous êtes licencié ! » pouvaient changer vos vies,

« Je vous aime ! » ou « Je suis venu te dire que je m’en vais ! »

et le monde se mit à dépendre bien plus des mots que des actes :

« J’ai décidé d’envahir la Pologne et d’anéantir tout un peuple ! »

« J’ai décidé d’envoyer une grosse bombe sur une toute petite île ! »

« J’ai décidé d’utiliser tous les stocks de poison inventés pour la guerre et de les répandre sur les champs qui nous nourrissent ! »

« J’ai décidé de prendre aux pauvres pour donner aux riches ! »

« J’ai décidé, puisque vous pensez différemment, de vous condamner à mort ! »

Certains ont décidé car on les laisse décider, par peur et par lâcheté, et on s’occupe principalement de répéter nos vies prisonnières de notre inconscient, dit Freudien.

Notre esprit s’est ouvert en deux comme la Mer Rouge devant Moïse, d’un côté, notre nature, nos pulsions, nos besoins, et de l’autre une construction du langage qui structure notre pensée mais comme c’est notre premier cerveau, le reptilien, qui continue de régner, avec l’instinct de survie comme moteur, et la peur comme seul maître à bord, une médiation doit s’organiser entre ce que l’on désire et ce qui met en question notre survie. Et quand on lui laisse la possibilité de s’exprimer, le deuxième cerveau essaye d’articuler nos besoins et nos désirs avec notre possible, et le parent pauvre de notre psychisme, la raison, essaie de se faire croire que c’est lui qui décide, on appelle d’ailleurs cette piteuse entreprise, des rationalisations. Ce n’est donc ni notre raison, ni nos émotions, qui mène nos vies, mais toujours notre instinct de survie !

C’est cet instinct de survie si développée chez les masses qui permet aux maîtres dirigés par leur Striatum de conquérir un plus chaque jour, et, comme l’a montré La Boétie, c’est la peur qui est à l’origine de la servitude. C’est l’ignorance qui permet à la peur de dominer le monde. C’est la connaissance de cet état de fait qui permet à ceux qui veulent dominer le monde de le faire : il suffit de faire peur à la plèbe. Un risque de guerre ou de maladie et ils vous obéissent au doigt et à l’œil, une promesse de sécurité et ils vous vénéreront.

Mais il faut qu’ils continuent d’avoir peur et à croire qu’ils ne mourront jamais. La peur et le déni, la peur et l’ignorance, la peur et la bêtise.

Ne surtout pas les aider à s’élever, à réfléchir, à être autonome et les distraire, utiliser leurs neurones, non pour penser, mais pour courir après de petites satisfactions, un jeu télé, un match, une image de rêve, un espoir, une chance sur cent millions, ou juste une sortie au resto, tout pour qu’ils continuent à vivre dans le déni de la mort à venir, tout pour qu’ils ne se décident pas à vivre avant.

Le monde marche comme ça !

Publié dans Pensées

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