Belle au bois dormant

Publié le par Ange Baldomero

Elle en avait assez d’être regardée en tant que simple enveloppe charnelle et aspirait définitivement à devenir invisible aux yeux de ceux qui accompagnaient leurs joies esthétiques, de fantasmes érotiques.

Elle aurait voulu pouvoir faire le tri dans leurs cerveaux pour ne garder en eux que des désirs châtrés qui ne l’inconfortent pas plus que ça.

Elle ne désirait pas être désirée par ceux qu’elle n’avait pas choisi, les affreux, les libidineux qu’elle imaginait pervers, et tant pis s’ils n’étaient que mus par leurs besoins de volupté ou simplement de tendresse.

En fait, tous les autres, hommes ou femmes de désir à son endroit, devaient détourner leur regard.

Elle voulait juste disparaitre aux yeux du monde et ne s’offrir qu’à des regards purs comme on voudrait ne devoir embrasser que de jolis enfants et pas des vieux puants, ne devoir manger que des fruits printaniers et jamais pourris, ne boire qu’à des sources cristallines et jamais à celles de leurs caniveaux.

Seul le prince a le droit de désirer Blanche Neige et jamais les sept nains, seul l’élu peut convoiter la Belle au bois dormant et non quelconque roturier.

Bien sur, tous ces contes ne pourraient plus avoir de fin, car celui qui réveillerait l’endormie d’un baiser serait immédiatement poursuivi pour abus sexuel sur mineure.

Publié dans Littérature

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