Obsolescence

Publié le par Ange Baldomero

Ce monde précipite sa fin, et alors ?

Il fallait vivre en attendant mais sans rien attendre, c’est-à-dire vivre tout simplement.

Persévérer dans son être et se reproduire,

comme les humains l’ont toujours fait jusqu’au jour où ils ont cru trouver

des ripostes efficaces contre leur peur de disparaitre,

chaque jour, leurs peurs de ne pas trouver de partenaires afin de se reproduire,

leurs peurs des éléments, orages, feu, inondations, peurs des prédateurs,

et surtout peur, tout simplement de ne pas trouver la nourriture nécessaire à leurs survies.

Ils se mirent à stocker la nourriture.

Ils inventèrent alors le capital, l’accumulation de richesses

donc la création de différentes classes à l’intérieur du groupe,

ceux qui possèdent presque tout, ceux qui détiennent un peu de richesses,

et ceux qui n’ont rien.

Tous voulaient la croissance de leur riposte à la peur.

Ceux qui n’avaient rien désiraient juste avoir un peu à boire et à manger.

Les classes moyennes voulaient juste avoir un peu plus afin de se rassurer davantage.

Et ceux qui avaient beaucoup, trouvaient que ça ne suffisait pas,

ils voulaient tout et leur seule peur désormais,

c’est que les autres puissent se révolter.

Alors ils créèrent la police et l’armée, la morale et la religion

et transformèrent les écoles de façon à ce que les autres inférieurs

ne connaissent rien et n’apprennent pas à réfléchir,

mais ne sache qu’obéir, que leur obéir.

Avec le temps, ils ont perfectionné la police et l’armée,

la morale et la religion et l’éducation,

rendant même leurs écoles obligatoires.

Ils ont créés des moyens de distraction

afin que les peuples n’aient pas l’idée de se révolter.

En plus de la messe du dimanche,

seul jour dangereux puisque de repos,

donc de temps où le risque de réflexion était à son maximum,

ils inventèrent les jeux et le sport,

d’abord le dimanche, puis aussi les soirs,

puis la télévision, afin de diffuser des jeux, et du sport.

Puis, quand internet vint avec toutes ses informations et ses possibilités d’apprentissage,

ils le détournèrent en créant des laveurs de cerveaux

et en aiguisant les haines afin de diviser les gens entre eux.

Ils voulaient toujours plus

mais ça ne les empêchaient pas de crever, d’obésité souvent,

de maladies cardiovasculaires liées à leurs styles de vie, malbouffe, inactivité physique.

Sans compter leur culpabilité inconsciente

car ils savaient être les responsables du déclin de la planète,

de la souffrance des autres, humains, animaux, végétations, terre, air et eau.

Ce monde avait cru, en la croissance infinie, en l’immortalité atteignable et souhaitable.

Ceux d’en bas dans un monde là-haut, après leurs morts,

et ceux d’en haut, ici-bas, sur terre,

grâce à leurs richesses accumulées,

grâce au transhumanisme qui fera d’eux des surhommes,

mais des vieux surhommes à l’opposé de ceux rêvés par Nietzsche.

Au lieu de se dépasser en tant qu’humain,

leurs rêves les amènent à ne laisser survivre aucune humanité en eux.

Le monde s’organisa de façon à pouvoir contrôler le maximum d’individus,

les plus pauvres en les privant de tout moyen.

C’était la partie la plus facile, leur prendre toute leurs richesses et les laisser crever,

puisque ils n’avaient pas de place dans le système économique contrôlé par les puissants.

Mais pour survivre, les riches avaient besoin de main d’oeuvre

afin de produire des choses inutiles

et de consommateurs à qui faire croire que ces choses inutiles étaient indispensables à leurs vies.

Du même coup, ces choses inutiles rendues indispensables

devaient également servir à l’abrutissement de la main d’oeuvre

et des consommateurs, qui étaient les mêmes,

afin que ces gens continuent de travailler pour eux et d’acheter leurs produits.

Evidemment, il fallait également que ces produits n’aient pas une durée de vie trop longue

pour s’assurer d’en vendre toujours, d’en vendre toujours plus,

alors ils inventèrent l’obsolescence, et ce, de de trois manières:

Premièrement, grâce à la mode,

qui chaque année rendait ringards les objets indispensables de l’année précédente.

Puis, l’évolution technologique

rendant totalement obsolètes les objets indispensables de l’année précédente.

Enfin, l’obsolescence programmée des produits soit-disant indispensables,

téléphones, ordinateurs, cartouches d’encre, ampoules qui durerait plus de cent ans

si on ne les construisait pour achever leurs vies bien avant.

La planète et ses habitants également,

allaient suivre le rythme de cette obsolescence programmée

appliquée à la vie qui serait bien moins longue que prévue initialement.

Publié dans Pensées

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