Suis-je… ? 2/4

Publié le par Ange Baldomero

Suis-je… ?    2/4

Suis-je celui qui pense ?

Si je ne suis pas celui qui parle dans ma tête,

je ne suis pas non plus la somme des opérations réalisées par mon cerveau,

mémorisation, calculs, jugements, etc…

puisque ces opérations sont automatiques et échappent à mon choix.

Je suis différentes manières de penser, floues, contradictoires, évanescentes,

récurrentes parfois mais jamais identiques.

Je suis le changement et j’appelle tous ces petits morceaux de moi : « Moi »

car j’ai peur de ne pas exister, mes pensées étant incapables de me définir

en tant que « contenant » de toutes ces parties qui semblent isolés,

fluctuantes, instables comme le vent.

Toutes ces pensées sont hors de ma conscience,

 toujours extérieures à ce que je ressens être.

Cette parole dans ma tête commente ce que je ressens

comme s’il s’agissait d’une instance extérieure,

elle interroge, elle ordonne, elle parasite, elle a sa vie propre.

Ma mémoire ordonne des répétitions et juge sans me demander mon avis.

Mon inconscient parle, il ne fait que ça,

il veut me faire croire qu’il sait ce qu’il dit…

Pourtant il se trahit, il fourche, commet des lapsus,

dit le contraire de ce qu’il voudrait,

prononce des mots qui lui échappent,

a de drôles de rêves dans de drôles de langues.

Alors, pour ne pas être compris,

il cherche à parler par mon corps, il somatise ce qu’il a à dire.

Et quand il ne ment pas, il crie : « Tu dois ! », « Il faut ! »

Je fais semblant d’être mon maître

alors que je ne fais que subir mes répétitions

et les mots que m’impose ce monde.

Pendant ce temps, je perçois, je sens je ressens, en toute conscience.

Souvent mon corps en sait plus que celui que je nomme « Moi »

car mon corps est conscient, lui, de ce qu’il perçoit, sent, ressent…

Mon esprit à la traîne n’aime pas que je sois conscient,

Car il se sent exclu !

Il cherche donc à me gouverner car il a peur de ce qu’il ne connaît pas.

Mon esprit est en manque

car il ne sent pas, ne perçoit pas, ne ressens pas.

Il cherche, analyse, il compare : « Ça pourrait être mieux ! »

Mon esprit est le manque.

Ma parole est ce que j’ai perdu, ce que je n’ai pas encore.

Ma parole est ce que je ne suis pas,

ce qu’il faudrait, ce qu’on pourrait, ailleurs, plus tard.

Lacan, en maître Zen, énonçait ce terrible Koan :

« Je pense où je ne suis pas ;

Je suis où je ne pense pas ! »

Je ne suis pas ce que je pense,

je suis ce que je perçois, ce que je sens, ce que je ressens,

en toute conscience.

Publié dans Pensées

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