Ecrivain ?

Publié le par Ange Baldomero

On n’oblige pas les jeunes lions rejetés par la horde à vivre avec les hyènes, ni les dauphins solitaires à passer leurs vies avec les requins. En Inde, les Sâdhus sont respectés. Ici, il ne faut pas sortir du moule, sinon vous n’appartenez qu’à deux catégories possibles : Mendiant SDF ou fou à interner. Impossible d’être un poète ou un saint, c’est l’asile ou la rue. À moins d’être artiste et d’avoir un truc à vendre … qui se vende. Alors on vient vous encenser de n’être pas comme les autres, mais uniquement si ça se vend. Sinon vous n’êtes qu’un feignant tout juste bon à faire la manche. Aujourd’hui, on enfermerait Saint François d’Assises pour démence. D’ailleurs on fait ça tous les jours. Pourquoi je ne me trouve pas un boulot qu’on pratique seul à la maison. Je ne sais pas, moi : Ecrivain ?

Ecrivain ?

Le problème, c’est que je n’écris que des trucs comme ça :

Je suis un mensonge car je ne suis pas ce que je suis. On dit que je suis un homme, vivant, normal, blanc, brun, intelligent et spirituel, voire drôle parfois.

C’est un mensonge ! Je suis le manque. On ne peut me remplir puisque je peux me vider. J’ai faim, je mange, je me vide, j’ai faim. J’ai soif, je bois, je m’assèche, j’ai soif. Je bande, je jouis, je débande, je bande. J’aime, je n’aime plus, j’aime.

Je suis l’absolu. Mais ça ne dure pas car je pense à la fin. Je ne suis rien de ce qu’ils pensent de moi car je ne suis rien de ce que je pense de moi, d’ailleurs, je ne suis rien quand je pense.

Mon corps est le manque. Quand j’ai bu, mangé, joui et que je ne pense plus, je suis « Absolu », ou « Silence » si vous préférez ce mot, ça n’a aucune importance puisqu’aucun mot ne peut dire l’absolu ou le silence.

Si je reste allongé sur le sol, imitant la mort qui viendra, je serais un instant l’absolu. Ma respiration trouvera un équilibre entre ce que je rejette et ce que j’absorbe et j’oublierai de penser à la fin, à la mort, au manque. Mais mon corps est le manque. Il finira par réclamer à boire, à manger, un sourire, une caresse, un mot doux, une fellation, l’ivresse, l’oubli, la fin du manque, la mort.

Je suis le manque et j’accumule des mots comme un sablier se vide

Publié dans Pensées

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