Les chevals ?

Enfant, j’avais cru.

Que ce monde était beau, intelligent, doux, sensible et merveilleux.

Sans violences, tendre.

Elles ne nous préparent pas à cette Terre, elles aussi elles ont peur, nos mères.

Elles aussi, elles ont cru, elles ont aimé et si le monde leur a menti, les a trahis,

elles continuent à faire croire à leurs enfants que le père Noël et la gentille Vierge Marie veillent sur nous.

Quel bonheur, enfant de croire que le père Noël existe !

Adolescente, j’avais rêvé.

J’allais conquérir le monde, il allait m’appartenir !

Ils allaient tous et toutes m’aimer et comme ce monde était beau, intelligent, doux, sensible, voire merveilleux,

ce que ma vie serait belle !

Les hommes se battraient pour nous protéger des démons

et les femmes répareraient nos blessures.

Les chevals blancs viendraient !

Un par un !

Un cheval pour me faire connaître le désir, un autre pour que je découvre l’amour,

un cheval ne s’occuperait que de ma jouissance et de tous mes orgasmes à venir,

et le plus beau, le plus blanc, avec douceur, avec grâce, me ferait un enfant,

et enfin, celui avec des ailes me ferait connaître les cieux !

Et puis je me suis sentie devenir adulte, un autre mot pour dire morte.

Je croyais de moins en moins au père Noël et je n’étais plus certaine que la vierge Marie veille sur ma personne.

J’avais abandonné l’idée que les hommes se battent pour moi et me protège des démons

et qu’il resterait ne serait-ce qu’une femme pour réparer mes blessures.

Une par une, les dernières feuilles rejoignaient la Terre

et seul le dernier arbre mort me laissait un signe :

« Puisque tout disparaitra, profite de l’instant présent ! »

photo du site : https://celinevallieres