Pas comme tout le monde

Publié le par Ange Baldomero

De tout temps, les hommes qui ne font pas comme tout le monde

ont été bien mal vus.

Ceux qui s’asseyaient à part étaient soupçonnés,

dès l’époque où la chasse et la cueillette étaient organisées en troupe,

de n’être que des individualistes étrangers aux autres,

le bien commun imposait la dictature de la vie commune,

hommes, femmes et enfants se répartissaient en tribus

et les originaux n’étaient pas légions.

Il fallait être le même pour vraiment faire partie du groupe,

pour ne pas risquer d’en être chassé.

Il n’y a pas dû en avoir beaucoup, des humains solitaires…

Puis, le diable étant passé par là, la jarre inventée,

et l’humanité divisée en deux, les possédants et les prolétaires,

c’est-à-dire, ne possédant, afin de survivre, que de leur propre force de travail,

une troisième catégorie d’humains vit le jour, qu’on ne savait classer.

Entre possesseurs et prolétaires, c’était simple,

il y avait un moyen bien commode : l’argent.

De celui, tout en bas, qui n’avait rien, à celui, tout en haut qui avait tout.

Depuis, le monde se hiérarchisait selon ce critère, du plus pauvre au plus riche.

Et on ne savait que faire de cette troisième catégorie d’humain,

sans argent mais tellement riches d’autres valeurs et de qualités,

vagabond, hermite, artiste errant, on cherchait des noms.

Le vagabond n’est pas un sans-abri vivant de l’aumône qui,

bien souvent, n’a pas choisi de vivre dans la pauvreté, et subit son état ;

le vagabondage est une vie choisie.

Malheureusement, la majorité inscrite dans la pyramide n’aime pas les originaux

et soit, leur interdit de vivre, délit puni par la loi,

soit, s’il ne les punissent pas directement, les maudissent,

bandits, voyous, voleurs, chenapans…

Le vagabond est un berger sans mouton

qui se garde de longs instants afin de simplement réfléchir,

en marchant, assis sur un tronc d’arbre ou allongé sous les étoiles,

à simplement penser ou rêver, imaginer un autre monde possible ou juste philosopher.

Et l’on se méfie de celui qui ne fait pas comme tout le monde.

Alors on cherche à l’enrôler, dans une armée,

pour aller tuer d’autres hommes et en faire un héros,

dans une usine, pour qu’il s’insère dans le troupeau,

et en faire un honnête homme,

dans un couvent, pour suivre les paroles des représentants sur Terre de…

Les paroles des représentants sur terre de leur commerce.

Publié dans Pensées

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