Pourquoi, des fois, je pleure
Quand on passe du « Tout »
au ventre de nos mères,
le temps d’oublier d’où l’on vient,
on prend goût au milieu aqueux du ventre de notre mère.
On croit toujours faire partie du « Tout » qui est « Un »,
alors qu’on est passé au « Tout » qui est « 2, elle et moi ».
On sort de son ventre
et on veut rester ce « Tout » qui est « 2, elle et moi ».
Notre premier besoin vital,
c’est de faire perdurer ce lien
afin de continuer à être « Un », ce « 2, elle et moi ».
Certains psychanalystes appelle cela « l’attachement ».
On recherche le « lien » et rien d’autre.
Le nouveau monde n’est qu’agression,
trop froid, trop lumineux,
cet air qui me violente et s’engouffre dans mes poumons,
ça me brûle à l’intérieur et me glace au dehors,
je veux retourner dans notre ventre,
au moins être à nouveau relié à notre corps.
Quel est l’interêt d’être né ?
J’attends pour savoir.
Tout est négatif, moins chaud, moins doux…
Enfin une nouvelle sensation arrive :
dans mon ventre, je ressens le manque.
J’ai faim !
Je vais mourir.
L’autre partie de moi,
j’apprendrais plus tard qu’on l’appelle « maman »,
m’offre un morceau de nous qui se nomme « téton »,
partie de nous appelé « sein »,
et s’occupe d’effacer mon manque, je vais vivre.
Je suis dépendant d’elle, de sa chaleur et de son sein,
de son corps et de son lait, de ses bras et
de son désir que je vive.
Nous ne sommes qu’un et avons le même objectif,
que je vive.
Mais parfois elle s’éloigne et j’apprends à avoir peur.
Puis elle revient et j’apprends la joie.
Et quand je m’endors, rassasié et heureux, je rêve de tétons…
Et je me lève dans l’espoir de retrouver ses seins,
et s’ils sont absents, je pleure.